PRÉFACE - SILENCE - Interprétés en Anglais par Dr. RAMESH CHANDRA MUKHOPADHYAYA

SILENCE







Poèmes de MAI VĂN PHẤN

Traduits en Anglais par NHAT-LANG LE

Edités par SUSAN BLANSHARD

Traduits en Français par DOMINIQUE DE MISCAULT

Interprétés en Anglais par

Dr. RAMESH CHANDRA MUKHOPADHYAYA

(interprétation basée sur la traduction en anglais des poèmes)

Traduite en français et illustrée par DOMINIQUE DE MISCAULT

Traduite en Vietnamien par

PHẠM MINH ĐĂNG (1 ~ 19) & TAKYA ĐỖ (20 ~ 45 et Préface)

PRIX DE L’ ASSOCIATION DES ÉSCRIVAINS VIETNAMIENS EN – 2018

 

 

 

PRÉFACE

 

Le recueil Silence et son interprétation semblent uniques dans les domaines de la traduction et de l'interprétation en littérature. Le titre même de Silence pique la curiosité des lecteurs. Silence peut signifier, une vie loin du monde, mais aussi beaucoup plus. Nos sens sont toujours sollicités par les images et les sons qui nous entourent. Stimulés, nos sens s’extériorisent et réagissent comme à des appels inattendus provenant de nos mobiles. Mais imaginons, un monde où il n'y aurait plus de mobiles ni d'Internet : Tout s’arrêterait et immédiatement, nous nous intérioriserions. L'oreille pourrait, alors, entendre notre intériorité telle la Parole à l’origine de la Création. Peut-être sentirions-nous des parfums ou verrions-nous une lumière qui n'a jamais existé sur mer comme sur terre. Par contre, si les sens ne sont plus confrontés à l’extérieur, l’esprit déraille.Silence nous transporte sur de nouveaux pâturages. Moi, Ramesh Chandra Mukhopadhyaya, en parcourant Silence, je réalise que chaque poème est un exploit qui conduit le lecteur sur d'étranges rivages de pensées et de réalisation de soi. Oui, je parle à la première personne parce que tout ce que je pense n'est sûrement pas vérité universelle. Cependant ce que j’écris, peut rencontrer l’adhésion de mes collègues lecteurs. J’ai analysé les poèmes en m’appuyant sur la méthode du Close Reading.

Cependant, quelques mots sur mes explications sont nécessaires. Premièrement, où est le texte ? Le texte n'est pas seulement un imprimé. Un texte advient autant qu'il y a des lecteurs, parce que chacun s’y retrouve. J'évoque, ici, la théorie de la réception en littérature. L'esthétique indienne propose Kaavyam rasaatmakam - vaakyam. L’expression poétiqueconvoque des mots qui évoquent rasa chez les lecteurs. Rasa ou la jouissance, est ce qui habite celui qui lit. Les paroles d'un poème ne font que stimuler les plaisirs et les émotions où rasa est déjà. Comme nous l'avons observé, chaque lecteur se projette dans n'importe quel texte et n'importe quel texte est capable de révéler un lecteur. Les poèmes du vietnamien Mai Văn Phấn m'ont poussé, moi, un Indien, à trois mille kilomètres de Hanoi, à m’envoler et m’évader dans le bleu profond des joies rarissimes de la vie de tous les jours. Pas étonnant, alors, que le lecteur partage ses joies avec ses amis mais aussi, mes explications. La voix la plus haute de la Bible dit : Au commencement il y eut la Parole et Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut. Mais où est le texte ? Avec Mai Văn Phấn, toute l'existence est texte. Les cinq premières lignes du premier poème de Silence l’exprime :

Une page blanche

ouverte sur des champs de lettres

forêts et montagnes

rivières, lacs

routes de lettres

Puis dès le poème 2, le poète cherche à décoder l'existence, au cœur du vacarme et de l'agitation de la vie, le Silence semble régner :

Ruisseau de montagne

calmement

s’écoule sans bruit dans le lac

La vie de chaque individu est un courant qui s’écoule régulièrement et sans bruit, dans un lac. Et dans ce silence, au pied de l'autel, le poète est conscient qu'un halo de lumière l'enveloppe (Poème 3). La vie n’est que flux ininterrompu. Ce qui semble solide et stable dans une situation particulière pourrait s’envoler tels du brouillard ou des nuages. Une table avec quatre pieds sous un plateau, sur les vagues, flotterait comme des feuilles bruissantes. Aucune espèce, que ce soit humaine ou animale, voire un ver de terre n’est stable. En rêve, couché à l'intérieur d’une coquille d’œuf, le poète se transforme peu à peu en fourmis, volaille et poussin au chaud sous les ailes de sa mère. Ne retrouvons-nous pas là, l'archétype du Saint-Esprit ou la Colombe déployant ses ailes sur le monde ? (Poème 5). Ainsi Mai Văn Phấn est un poète avec toute sa différence. La Parole parle à travers ses poèmes comme un évangéliste il pourrait nous guider à travers les déserts de l'existence à des hauteurs vertigineuses de félicité et de béatitude. Paradoxalement, les explications ont été écrites après la lecture de la version anglaise de Silence écrite en vietnamien. La langue vietnamienne est monosyllabique et tonale. La traduire dans une langue comme l'anglais dont la richesse du vocabulaire est un fait mais absolument ni monosyllabiques ni régie par des accents est un énorme travail. Ceux qui ont traduit en anglais les poèmes de Mai Văn Phấn ont néanmoins fait du bon travail.

La littérature de n'importe quel pays est empreinte de sa culture et sa philosophie, et chaque culture possède sa propre littérature. Qui peut vraiment établir des ponts entre deux cultures ou deux littératures, sinon des traducteurs compétents ? La traduction est une zone d'intersection entre deux ensembles de littérature différents. Dans un monde où le multiculturalisme exige de l'objectivité, les traducteurs devraient avoir une situation particulière.

Ici quelques mots sur la traduction ne sont pas hors de propos. Une traduction implique une langue source et une langue cible. L'objectif du traducteur est de transférer le contenu de la langue source dans l'idiome de la langue cible. De fait chaque traduction est implicitement porteuse de trahisons créatives. L'ambiguïté fait partie du langage et surtout du langage poétique. Les formalistes russes affirment que lorsque nous parlons pour parler seulement, c'est de la poésie. Pour Mallarmé, la poésie est écrite avec des mots et non des idées. L'Anugita dans la grande épopée du Mahabharata, stipule que les mots peuvent nous conduire vers des contrées sans esprit :

Sthaavaram jangamam chaiva vindhyute manasi mama

Sthaavaram matsakaase vai jangamam visaye tava

Visayam gachhen mantra varnah svaropi vaa

Tanmano jangmonama tasmadapi gariyasee

Le Mahabharata dans sa traduction anglaise, suggère un Créateur qui aurait deux esprits ; l'un inébranlable et l'autre en mouvement. L'inébranlable et le mouvement s’expriment chacun dans un discours. Quelle que soit la lettre, le mantra ou le ton qui donne la parole, c'est en effet un esprit en mouvement. Ainsi, la parole ou l'esprit en mouvement seraient supérieurs à l’inébranlable.

Pouvons-nous penser sans mots ? Non. Les mots viennent en premier et les idées après. Au commencement il y a la Parole : Que la lumière soit et la lumière fut. Donc les mots et non les idées ont créé le monde. Mai Văn Phấn a réalisé cet exploit dans sa poésie. Pas étonnant qu'une traduction littérale de n'importe quel texte ne nous donne pas le vrai sens du poème. Puisque le langage est essentiellement ambigu, à moins que son contexte ne soit prédéfini, une phrase ou un mot peuvent avoir plusieurs significations… Des critiques comme Derrida jouent avec les mots et interprètent un passage en prose ou un poème de plusieurs manières : Et toutes sont légitimes. Ici, il convient de noter qu'il ne peut y avoir de signification définitive d'un poème. On pourrait écrire une signification M1 d'un poème. La signification pourrait être interprétée en M2. M2 pourrait générer M3. Ainsi, la signification de la signification de la signification ou de l'explication d'un poème pourrait être expliquée encore et encore. Le processus pourrait s’éterniser. Ainsi, constatons, que le sens d'un poème ne peut être définitif. Curieusement, les explications des poèmes que j'ai composées ont été traduites en vietnamien par deux érudites, Mr Phạm Minh Đăng et Mme Takya Đỗ. Elles ont aussi été traduites en français par Dominique De Miscault.

Quelques mots sur Dominique De Miscault ne seront pas hors de propos ici. Dominique De Miscault est une artiste française connue, plus récemment cinéaste, elle n'a pas seulement pris soin de traduire mes explications, elle avait aussi traduit les poèmes à partir de la version anglaise. Dominique connait bien le Viet Nam depuis presque 30 ans. Comme je l’ai écrit plus haut, toute traduction est trahison créatrice. Parce que l'explication en anglais traduite en vietnamien, doit tenir compte de la manière de penser vietnamienne et donc être lues à travers les failles de la langue anglaise. Par ailleurs, la version anglaise de Mai Văn Phấn et les explications anglo-indiennes traduites en français supposent forcément une interprétation ouverte sur d’autres contrées ! Mais ce n'est pas tout. Nous savons que Dominique De Miscault est une artiste, peintre, photographe et cinéaste, donc polyvalente. Elle a mis les poèmes en image. Un poème est écrit avec des mots. Il se déplace et se manifeste dans le temps. Ce qui est manifeste dans le temps et l’espace a été mis en images. Quel exploit ! Ainsi, dans ce livre, les merveilleux poèmes de Mai Văn Phấn ont été traduits et expliqués à plusieurs niveaux, visuels comme verbales.

Mes plus sincères salutations à tous les traducteurs… En même temps je m'interroge sur l'incroyable exploit réalisé par Dominique De Miscault. Elle a donné une interprétation visuelle à des œuvres verbales. Je la salue. Mes sincères amitiés au poète Mai Văn Phấn dont les poèmes ont touché des lecteurs qui vivent dans l'Himalaya, mais aussi d’autres par-delà les océans et les mers.

Dr Ramesh Chandra Mukhopadhyaya

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


BÀI KHÁC
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