Explication par Dr. Ramesh Chandra Mukhopadhyaya

Traduction française Dominique de Miscault

 Silence

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Explication

Si Mai Văn Phấn est considéré comme un poète représentatif du Vietnam, un Indien comme moi estime que nous sommes de la même famille. Ses poèmes sondent la profondeur de l'esprit et nous indiquent les chemins de la paix, de la libération par la culture et le contrôle des sens extravertis, lus comme des aphorismes de la philosophie du yoga indien. Quoi de plus normal chez les grands poètes. Peu importe qu'ils viennent du Vietnam ou de France, un Indien dirait simplement qu'il est Indien et un Bulgare qu'il est Bulgare. Il n'est pas un abominable ennemi. Isha Upanishad [1], l'un des écrits hindoues, s'ouvre avec le verset :

Isaavaasyam idam sarvam

Yat kincha jagatyaam jagat

Le verset introduit un Dieu qui couvre tout ce qui existe dans ce monde. Tout dans ce monde agité et éphémère est demeure de Dieu. Le poète vietnamien Mai Văn Phấn prouve que l'Isha Upanishad n'a pas besoin de commentaire. La vérification est souvent un critère de la vérité. Ce que Isha Upanishad dit est vérifié par l'expérience du poète Mai Văn Phấn :

Je suis assis sous un manteau de Lumière
tout en bas

Qu'est-ce qu'un manteau ? un vêtement sans manche qui protège le corps. Selon les divinités des Upanisades, Dieu comme le manteau protège ce monde. Dieu est léger. L'expérience de Mai Văn Phấn témoigne de la vérité des Upanisads. Il est assis sous un manteau de lumière, tout au fond. La perception de Mai Văn Phấn indique que le manteau de lumière est Dieu. Nous ne voyons pas Dieu. Mais nous pouvons désirer son manteau de lumière. Ce n'est pas tout. Le poète peut ressentir et toucher le manteau de bas en haut. Ainsi, toute l'existence est enveloppée dans un manteau de lumière qui est Dieu. Ici, le poète intensifie le pouvoir du toucher chez les lecteurs. Et puisque le manteau de Dieu, de temps en temps frôle le poète du haut jusqu’en bas, bien que le poète ne puisse pas voir Dieu directement, il peut néanmoins ressentir et toucher les chasubles de Dieu. Notre culture donne du poids à la perception par l'œil. Mais le toucher est une sensation aussi réelle que la vue. Lorsque les vêtements de Dieu sont lumière, ils frôlent le poète et le poète sent que le panenthéisme [2] est Vérité et non le panthéisme. Parce que si Dieu et la création sont un, le mouvement de Dieu séparé de celui de l'univers ne pourrait être ressenti. Le poète a rendu le touché aux lecteurs enthousiastes. Dieu est vivant. Nous nous languissons de lui. Les spectacles de la vue et les sons ne peuvent pas nous transporter dans cette dimension mystique. Quand le poète se réveille, il est ceint de lumière, mais quand il dort, sa conscience l’abandonne. Il se remet aux mystères de l'inconscient, plongé dans ses rêves. Le poète avertit les lecteurs confiants et leurs dit :

Il y a des rêves

sans nuit.

La lumière est au centre de l'obscurité et l'obscurité est au centre de l'obscurité. S'il n'y avait pas d'obscurité, il n'y aurait pas de lumière. S'il n'y avait pas de lumière, il n'y aurait pas d'obscurité. Mais, la lumière n'est pas la vérité, et l'obscurité n’est pas la vérité non plus, ni la lumière n'est la vérité ni l'obscurité vérité, et non la lumière n'est pas la vérité, et les ténèbres non plus, c'est la Vérité. C'est le post-modernisme et Derrida. Mais notre poète se réfère à une lumière qui n'a jamais été sur la mer ou la terre. Le poète éprouve une lumière qui dépasse la lumière et l'obscurité du monde contingent. Cela pourrait nous rappeler le yoga des rêves des Tibétains. La lumière que le poète éprouve est la lumière de la pure conscience. C'est la nature fondamentale lumineuse qui est réalité absolue. La lumière de la conscience dans le rêve n'est pas polluée par les traces karmiques. Comme il n'y a pas de traits karmiques, le rêve ne contient aucun contenu. Par conséquent, le rêve n'existe pas. Le rêveur n'existe pas non plus. La lumière seule existe. Une lumière qui n'a jamais existé sur la mer ou la terre.

 Silence

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(Translated from Vietnamese by Nhat-Lang Le & Susan Blanshard)

Explication

If Mai Văn Phấn is deemed as a representative poet of Vietnam, an Indian like the present author  feels that the poet is a kin of an Indian. His poems that probe into the unplumbed depth of the mind and show us the way to peace and liberation through the cultivation of the mind and through the control of the extrovert senses read like the aphorisms of Indian yoga philosophy. This is what happens with great poets. No matter whether they are from Vietnam or France, an Indian would claim that he is an Indian and a reader from Bulgaria might claim that he is a kin of a Bulgarian. This is not a dull encomium. The Isopanisad one of the Hindu scriptures opens with the verse.

Isaavaasyam idam sarvam

Yat kincha jagatyaam jagat

The verse points out that God covers every thing that exists in this transitory world. Everything in this restless and transitory world is the abode of God. The poet Mai Văn Phấn from Vietnam proves that the Upanisad did not make any passing comment. Verifiability is often the criteria of truth. What Isopanisad says could be verified by the experience of the poet Mai Văn Phấn. Mai Văn Phấn states---

I sit under the cloak of Light

At the very bottom

What is a cloak but a sleeveless over garment that protects the body? According to the Upanisads God functioms as the cloak that protects this transitory world. And God is light. Mai Văn Phấn’s first hand experience testifies the truth of the Upanisads. He sits under a cloak of light. He sits at its bottom. In Mai Văn Phấn’s perception the cloak of light is the indicator of God. We cannot see God. But we might espy His cloak of light. This is not all. The poet can feel the touch of the cloak from below and above. So the whole existence is wrapped in a cloak of light which is God’s. Besides the poet enhances the power of touch in the readers. And since the cloak of God now and then touches the poet from above and below, although the poet does not see God with his eyes he can feel the touch of the robes of God. Our culture gives more weightage on the perception of the eye. But touch is as real a sensation as sight. When the God’s robes made of light, touch the poet, the poet feels that panentheism is the truth and not pantheism. Because if God and the creation were one the movement of God separately from that of the universe could not be felt. The poet has made the sensation of touch in the readers keen. And with us God becomes real. We become tonguetied. Sights and sounds cannot transport us to such realm of mystic perception. When the poet wakes up he is dyed with light. But when he sleeps his self consciousness is abandoned. He gives himself up to the freaks of the subconscious mind. He is plunged in dreams. The poet takes the readers in confidence and tells them---There are dreams.

Where you cannot find darkness.

Commonly light is at the centre of darkness and darkness is at the centre of darkness. If there were no darkness there would be no light. If there were no light there would be no darkness. So neither light is the truth nor darkness is the truth, neither not light is the truth nor not darkness is the truth, neither not not light is the truth nor not not darkness is truth. This is post modernism and Derrida. But our poet refers to a light that was never sea or land. The poet experiences a light that is beyond the light and darkness of the contingent world. This might remind us of dream yoga of the Tibetans According to it, the light the poet experiences is the pure light of awareness. It is the luminous fundamental nature which is the absolute reality. The  light of awareness in the dream is unpolluted by any karmic traces. Since there are no karmic traces, the dream cannot have any content. Consequently the dream also does not exist. The dreamer also does not exist. The light alone exists. The light that was never on sea or land. 

Tĩnh lặng (42) của Mai Văn Phấn

Ramesh Chandra Mukhopadhyaya bình chú

Dominique de Miscault dịch sang tiếng Pháp

 Takya Đỗ dịch sang tiếng Việt

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 Ts. Ramesh Chandra Mukhopadhyaya